En Afrique sub-saharienne, le cancer constitue la troisième cause de mortalité (après les pathologies infectieuses et les maladies cardio-vasculaires). La plupart des patients qui consultent pour des tumeurs malignes dans les structures hospitalières arrivent encore à des stades très avancés, souvent incurables. Néanmoins ces patients devraient au moins pouvoir bénéficier des soins palliatifs et de la prise en charge de la douleur.

Comme en Europe, les soins palliatifs sont essentiels pour pouvoir donner aux patients une qualité de vie humainement acceptable.

L’évaluation des cycles de formation continue organisés en Afrique de l’Ouest dans les années 2000 par l’AMCC avait montré les difficultés de prise en charge de la douleur, liées essentiellement à :

  • un manque d’évaluation systématique de la douleur,
  • une insuffisance de maîtrise de prescriptions d’antalgiques,
  • des difficultés d’approvisionnement en médicaments,
  • un contexte social particulier associant problèmes financiers et difficultés à exprimer la douleur et la souffrance psychologique,
  • une souffrance des soignants relative à leur impuissance.

Si aujourd’hui il n’y a pas encore d’unités ou de services de soins palliatifs connus dans les pays francophones (excepté quelques établissements de soins confessionnels ou militaires), néanmoins la situation a beaucoup évolué en terme de formation professionnelle continue.

En effet, grâce aux liens créés avec l’organisation Hospice Africa et la création d’une branche francophone basée en Bretagne (Hospice Africa France), le modèle de soins palliatifs proposé par l’Ouganda s’est avéré extrêmement utile avec notamment l’utilisation de la morphine en poudre pour lutter contre la douleur.

L’AMCC a donc participé à l’élaboration d’un programme de formation continue en soins palliatifs et prise en charge de la douleur avec l’aide d’équipes médicales africaines volontaires. Un soutien financier important a été apporté par Hospice Africa France. Des équipes multidisciplinaires de nombreux pays ont déjà participé à ces cycles de formation de 5 semaines, effectués en Ouganda. La théorie (3 semaines) et la pratique (2 semaines) permettent chaque année à de nombreux médecins, infirmières et pharmaciens de se former en soins palliatifs.

Ce programme poursuivi en Ouganda, dans le centre international de formation en soins palliatifs de Kampala, est ouvert aux francophones avec un objectif prioritaire, celui de permettre, à terme, de créer des centres référents pour l’Afrique francophone.

Parallèlement à la formation des équipes, l’AMCC participe à la sensibilisation des autorités locales pour une prise en charge de la douleur et des soins palliatifs, efficace et peu onéreuse.

Dans cette optique, l’AMCC a établi un partenariat avec l’Association Francophone de Soins Oncologiques de Support (AFSOS) pour organiser annuellement des rencontres franco-africaines alternativement en France (pendant le congrès de l’AFSOS (2012, 2014, 2016, 2018) ou en Afrique (les premières journées ont eu lieu à Abidjan (Côte d’Ivoire) en septembre 2013. Puis en 2016 à Brazzaville et en 2017 à Cotonou au Bénin). Ces ateliers sont l’occasion de former les équipes locales, de sensibiliser les autorités politiques et de valoriser les initiatives africaines.

En 2017, grâce au soutien de la Fondation Pierre-Fabre, le Forum Palliafrique a été mis en place. Il s’agit d’un outil de communication par Internet ouvert à tous les Africains désirant s’informer, lire et découvrir les programmes mis en place.

En 2019, l’AMCC s’est rapprochée de la FISP (Fédération Francophone Internationale de Soins palliatifs) afin de mutualiser certains projets, en particulier la création d’une plateforme.

En 2023, l'AMCC organise une mission de formation des soignants et d'appui à l'organisation des suivis à domicile pour les soins palliatifs, avec l'appui de la Fondation Pierre Fabre. L'occasion sera donnée également de rencontrer et d'évaluer le parcours de celles et ceux qui ont été formés depuis 2012 en soins palliatifs, sur le modèle d'Hospice Africa Ouganda. 

Laure COPEL, Alexis BURNOD